Fake News sur le Racou

Fake News sur le Racou

Vous lisez ou vous entendez dire qu’on ne peut rien faire pour protéger le Racou, que c’est la « faute à » l’augmentation du niveau marin, à l’érosion générale de nos côtes, aux tempêtes, à la diminution des apports sédimentaires par les rivières,……… Si ces affirmations sont souvent exactes pour de nombreuses plages catalanes, occitanes et mondiales, l’usage qui en est fait pour le Racou est fallacieux et globalement mensonger. L’excuse facile du réchauffement climatique n’est ici pas valable.

Pourquoi ?

1 – Parce que, selon plusieurs rapports officiels, les plages argelésiennes se sont élargies durant le siècle passé.

Sur l’« Indicateur National de l’érosion côtière » du Ministère de la Transition Ecologique et du CEREMA

Lien : https://urlz.fr/iY9R , nous constatons que, si les autres plages roussillonnaises ont effectivement reculé, les plages argelésiennes se sont au contraire élargies durant ces 70 dernières années (trait de côte surligné en vert)

Pour s’en convaincre, il suffit d’aller sur le site « remonter le temps » de Géoportail. Lien :https://urlz.fr/iY9g .

Le trait de côte de 1953 peut être juxtaposé horizontalement à celui de 2021. En faisant défiler les images vidéos de l’IGN, du Nord au Sud sur 4 km, des plages nord d’Argeles aux rochers du Racou, on constate que, sur Argeles en 2021, la plage est plus large que celle de 1953 d’une vingtaine de mètres en moyenne.

Inversement, au Sud du port, la plage du Racou qui s’élargissait jusqu’en 1964 (date de construction d’un épi expérimental de 100 m, préalable à la construction de digues de plus de 300 m pour Port-Argelès) subit brutalement, à partir de cette date, une importante érosion devant la zone urbanisée.

L’élargissement au Nord du port et l’érosion au Sud devraient être encore plus marqués puisque, dans le passé, 80 000 m3 de sable ont été prélevés au Nord créant ainsi une érosion à ce niveau et 117 000 m3 ont été déposés au Racou pour l’élargir. A cela s’ajoute le reprofilage estival de la plage qui l’élargit artificiellement de 10 à 15 m pour les besoins touristiques.

De même, selon le Rapport CEREMA (Etablissement public-Ministère de la Transition Ecologique) de 2020 :« Lors de la période équipée (1977-2009), l’érosion se généralise sur une grande partie de cette unité (Le Roussillon). Le trait de côte n’avance que dans des secteurs très limités, en amont-dérive des ouvrages : à Argelès-sur-Mer, avec un taux d’accrétion ne dépassant pas les 0,6 m/an », ce qui fait sur 32 ans un élargissement des plages argelésiennes de plus de 19 m alors que la plage du Racou, de l’autre côté du port, subissait un recul de 60 m.

2-Parce que toute construction de digues lors des créations portuaires provoque une érosion de la plage voisine située en aval transit

Avant la construction portuaire, les plages argelésiennes et le Racou faisaient partie d’une même unité sédimentaire allant du Tech aux rochers du Racou. La construction du port a divisé cette unité en deux, perturbant ainsi les courants marins et le transit sédimentaire naturel Nord-Sud qui ensablait le Racou.

Depuis, le sable est intercepté par les digues au Nord du port et exporté vers le large où il est définitivement perdu sans aucune possibilité de revenir vers le Racou compte tenu des pentes. Immanquablement, la plage située en aval transit du port, c’est-à-dire celle du Racou, s’érode. Ce phénomène est visible au niveau de tous les ports du littoral occitan sur les images aériennes de Google Earth ou Geoportail de l’IGN. – Lien : https://urlz.fr/iYuy

Il est confirmé pour le Racou par R. Certain-UVPD-CEFREM-CNRS sur FR3-juillet 2021 https://urlz.fr/iWD4

3-Parce que l’augmentation du niveau marin est encore peu significative et que les apports sédimentaires du Tech ont été très importants sur le littoral argelésien.

L’augmentation du niveau marin, qui touchera demain l’ensemble du littoral et pas seulement le Racou, n’a été que de 8 à 9 cm depuis la construction du port et d’environ 14 cm en 120 ans, ce qui est très faible par rapport à la situation des maisons les plus menacées situées à 4 m NGF. Quant aux apports sédimentaires du Tech, même s’ils s’appauvrissent aujourd’hui, ils ont été massifs le siècle passé en grande partie grâce à l’aiguat de 1940.

4-Parce que, si l’augmentation du niveau marin, les tempêtes ou la pénurie sédimentaires des rivières étaient en cause, le recul du trait de côte aurait dû être le même au Racou et sur les plages argelésiennes.

Or, seul le Racou a perdu 60 m de largeur et 2 à 3 m de hauteur de sable alors que les plages d’Argeles se sont, dans le même temps, élargies d’une vingtaine de mètres en moyenne, élargissement qui se retrouverait aujourd’hui au Racou s’additionnant alors au trait de côte des années 60 si le port n’avait pas été construit.

Une dizaine de rapports officiels, dont un récent de 2020 de l’UVPD -CEFREM-CNRS, repris par l’OBSCAT confirment ce fait et montrent que l’érosion du Racou a brutalement débuté en 1964 lors de la construction de l’épi expérimental de 100 m.

L’accrétion des plages argelésiennes éliminant les autres causes, il ne reste que la construction portuaire pour expliquer une telle érosion du Racou et la mise en danger du vieux village.

Outre l’arrêt des sédiments, le port est impliqué dans plusieurs autres phénomènes aggravant l’érosion : Le détournement de la Massane dans le port, la rotation horaire de la plage, la destruction par la pollution portuaire de l’herbier de posidonies et les travaux illégaux de la Commune sur la plage.

Cherchant à s’exonérer de leur responsabilité, la commune et, hélas, les services de l’Etat qui se désengagent de la protection du littoral, diffusent des informations fausses sur les responsabilités du port. De plus, aucune étude d’impact environnemental de cet ouvrage public sur le littoral environnant n’aura jamais été lancée malgré une augmentation de 50 % de l’emprise en mer de la digue nord en 1998 et une nouvelle rénovation de celle-ci au coût de 10 millions € programmée pour 2023. A cela s’ajoute le projet de « requalification » du port (50 millions €) sans la moindre mesure compensatoire pour la protection du site. Une pétition opposée à l’extension et en faveur du Racou a receuilli plus de 14 000 signatures.

Mieux ! Aujourd’hui, les services menacent l’ancien village, créé en toute légalité dans les années cinquante, de « recomposition spatiale », de « relocalisation » et donc d’expropriation de ses habitants étant donné l’avancée inexorable du Domaine Public Maritime à l’intérieur des terres (Schéma Régional de Gestion Intégrée du Trait de Côte-2018)

Le Racou, pourtant site dit « remarquable » et patrimoine du littoral catalan, réunissant à la fois un site classé, un site protège et un site inscrit, reste abandonné à l’érosion alors que d’autres plages catalanes bien moins réputées bénéficient de moyens de protection efficaces ou d’apports répétés de sable grâce à la volonté de leur municipalité de préserver leur capital environnemental, touristique et donc économique.

Devant le refus maintes fois réitéré de la Mairie de protéger le site, l’Association pour la Sauvegarde du Racou s’est adressée au Tribunal Administratif de Montpellier qui vient de lancer une nouvelle expertise sur les causes de l’érosion.

Son objectif est de permettre de sauvegarder le site et de bloquer l’extension portuaire qui, avec ses 250 anneaux supplémentaires, continuera à détruire les espaces naturels vers le Racou, aggravera la dégradation du site protégé de la Massane, bétonnisera encore le littoral et augmentera la pollution portuaire qui a déjà totalement détruit l’herbier de posidonies du Racou.


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